• Desde San Cristobál hasta Panajachel

    10 août, déjà… L'odeur de la fin des vacances se fait sentir. Le retour sur le Guatemala dans la journée me fait prendre encore plus conscience que nous arrivons tout doucement au bout de l'aventure. Déjà… Nous ne vous proposerons très peu de clichés aujourd'hui, jour de transition.

    Au lever, le ciel est toujours gris, mais quelques rayons de soleil semblent pointer le bout de leur nez. Nous n'aurons pas eu la chance de les avoir durant nos deux jours à San Cristobál, et surtout lors de la visite des deux villages tzotziles. Ce matin, nous gardons quand même nos vestes sur nous car il fait toujours bien frais. Nous les enlèverons en route. Nous partons -en retard, faut-il le préciser- pour une très très longue journée. Je pars un peu tendu car nous n'avons rien réservé à Panajachel. Suite au blocage d'il y a deux jours sur les routes: je ne voudrais pas perdre à la fois le trajet et une nuit d'auberge.

    3h de route relativement éveillé à regarder défiler les montagnes du Chiapas, très jolies, et nous voila à la frontière guatémalèque. Le passage de la douane se fait à pied, comme d'habitude, et nous changerons de minibus côté guatémaltèque. Mais avant cela, encore faut-il quitter le Mexique. Là, c'est une sacré douche froide qui nous attend. Pour un séjour de plus de 6j au Mexique la taxe de sortie s'élève à près de 300 pesos chacun. Personne ne m'en avait rien dit à l'entrée, et le routard ne le mentionne pas. La surprise, le désarroi et ne pas avoir tant de pesos sur moi n'y font rien (j'avais calculé pour ne pas avoir à en changer beaucoup). Nous n'avons pas le choix et arrangement avec le chauffeur plus loin, nous finirons par passer. Je dois pour cela changer les quelques dollars qui me restent avec les changeurs ambulants. Je ne vous l'ai pas dit? Presque aucune frontière n'a de caisse de change. Bref, voila chose faite. Mais l'absence de reçu, le fait que ce soit le chauffeur qui ai fait remarquer au douanier notre séjour "longue durée" me font douter de la légalité de cette taxe. Mais nous ne pouvions pas rester à quai et n'avons pas eu d'autre choix. Bref, c'est donc très remontés que nous quittons le Mexique. Le séjour y fut sympa, en dehors des deux passages de frontière.

    Côté Guatemala, nous attendons un moment le second minibus et Corenthin fini par s'impatienter. Je garde mon calme pour ne pas reporter sur lui ma colère froide. Sans doute la sent-il d'ailleurs. Nous reprenons enfin la route, après 1h d'attente. Nous traversons le village-rue de La Mesilla, dans un désordre indescriptible que nous observons amusés, oubliant un moment notre énervement. La Mesilla, est un drôle de village, sale, tout bétonné au début, suivi d'un bon kilomètre de "puestos" accolés les un aux autres jusqu'à la barrière marquant vaguement la frontière. Le village vit au rythme des passages incessants à cette pseudo-frontière. Heureusement, quelques kilomètres plus loin, le décors s'embellit. Nous continuons la route au milieu de paysages magnifiques. Je resterai bien quelques jours dans ces collines pour y randonner tellement c'est beau. Hormis les rares villages tout en béton et sales que nous traversons, quelques maisons éparpillées dans les collines ajoutent au charme des lieux. Nous y découvrons avec stupeur tout au long de la route des vendeurs d'essence, muni de bidons, d'un simple tuyau et d'un entonnoir. Avec la même stupeur nous remarquerons que jusque loin dans le pays il n'y a pas une station d'essence, d'où ce marché "sauvage" qui semble s'être développé. Le sommeil me rattrapera, et bien que luttant pour ne pas perdre une miette des alentours, je fini par m'assoupir.

    Nous voyageons ainsi 11h dans ces paysages à couper le souffle (crêtes, ravines, canyons profonds, cascades… couleur café), nous faisant oublier la colère, le mal aux fesses et le froid. A La Mesilla, la température devenue franchement chaude, j'ai laissé nos pulls et vestes dans les sacs… sur le toit du van. Heureusement, une jeune fille dans le minibus prêtera gentiment un pull à Corenthin. En route, nous lâcherons 2 passagers changeant de minibus pour Chichitenango. A partir de là, le paysage s'offre à nous de manière intermittentes, puis fini même par disparaitre. Nous venons de rentrer dans les nuages. Dernière halte à Los Encuentros pour abandonner encore trois passagers filant rejoindre Antigua. Enfin, au bout de cette journée très très longue, nous apercevons en contrebas de la route un village posé sur les rivages d'un magnifique lac. Bienvenus à Panajachel et au Lago Atitlán.

    Nous finissons la journée en nous posant dans un tout petit hospedaje face à quelques uns des volcans encerclant le lac et faisons une rapide reconnaissance des lieux. Bien que la pénombre gagne, la vue du lac est splendide et apaisante après le rythme endiablé de la vie à San Cristobál. Nos ventres criant famine, nous finissons pas aller satisfaire leur complaintes. La journée se finira par une drôle de surprise. Au restaurant, un jeune couple de français attablés près de nous depuis un moment nous demande timidement si nous sommes français, puis plus précisément de Gières! Nous sommes à seulement deux tables de Fabienne, bibliothécaire à Gières, et de son compagnon. Elle a reconnu Corenthin mais tellement surprise se demandait si c'était bien lui! Quelle drôle de rencontre! Nous prolongeons un petit moment notre soirée, discutant avec eux. Ils repartent demain sur Antigua, avant de décoller dimanche. Corenthin, toujours aussi bavard et avide de raconter ses aventures est ravi de cette rencontre fortuite.

    A demain pour une vraie journée de visite.


     

    Desde San Cristobal hasta Panajachel Desde San Cristobal hasta Panajachel

    Desde San Cristobal hasta Panajachel Desde San Cristobal hasta Panajachel Desde San Cristobál hasta Panajachel

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  • Commentaires

    1
    Marraine Delphine
    Samedi 11 Août 2012 à 15:48

    Les meilleures choses ont une fin... Profitez bien de ces derniers jours...!

    Le blog aussi va nous manquer !  Bon courage et grosses bises Delphine

    2
    mamie Cathy
    Jeudi 16 Août 2012 à 18:47

    Ah, le Chiapas ... quelle longue histoire de souffrances pour ses habitants ... révélée au monde entier avec la révolte menée par l'armée zapatiste de libération nationale (EZLN : Ejercito Zapatista de Liberacion Nacional) et le soulèvement armé du 1er janvier 1994, incité par Rafael Guillen Vicente, plus connu comme le  "sous- commandant MARCOS". Il y avait déjà une vingtaine d'années que les zapatistes s'armaient et s'entraînaient !

    Ce qui provoqua le déclenchement de ce soulèvement armé, fut l'entrée en vigueur , à cette date-même, de l'accord de libre-échange nord-américain (ALENA) signé entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada. Cet accord plaçait sur le même plan les productions intensives du Corn Belt ( littéralement " ceinture de maïs" : ensembles des régions productrice de maïs ) et les cultures agricoles vivrières pratiquées par les peuples indigènes, qui figurent parmi les plus grands propriétaires de l'Etat du Chiapas. dans les années 1970, ils possédaient plus de 600 000 ha de terres cultivées. Mais, incapables de se moderniser comme ceux du Corn Belt, les peuples indigènes furent obligés de cesser de cultiver leurs terres pur acheter les produits à moindre coût au nord du continent. ( très justement appelés à l'époque" les "paysans sans terre"  du Chiapas)

    Les zapatistes lancèrent leurs contestations par de  nombreux appels à la presse internationale,pour exprimer leurs revendications pour plus de démocratie et de justice sociale , sans pour autant jouer le jeu des institutuins en place. ( ...  je m'en souviens encore très bien, d'autant plus qu'à l'époque , à Toulouse, une amie mexicaine,  très impliquée dans leur défense  puisque elle-même originaire du Chiapas, avait créé un comité de soutien auquel j'avais adhéré ... ) . Leurs  revendications étaient sans ambiguïté en ce qui concerne la résistance à l'impérialisme américain qui d'après eux considère les ressources du continent américain comme leur pré carré.

    Le gouvernement mexicain du "Parti Révolutionnaire Institutionnel " de l'époque réagit par ce que l'on appela  " une guerre de basse intensité" ou "guérilla"  ( une guerre dissymétrique : du faible contre le fort), pour éviter un grand nombre de victimes ...  Ce "conflit larvé" consista en des violences envers  les individus, des opérations de police, des déplacements de populations ... et entraîna de nombreuses souffrances dont les traces indélébiles affectent la santé physique et psychique.

    Il faut savoir que dans cette culture, la terre est considérée comme une MERE ( mère nourricière ..  ). Alors, toute violence faite à cette relation  représente une guerre faite contre la mère ( la maternité ... )

     L'identité du sous-commandant MARCOS ne fut révélée qu'au début de l''année 1995: un intellectuel "éduqué" issu de la haute bourgeoisie, ses compagnons, eux, étaient issus des peuples mayas locaux   (Tzotzils, Chols, Tojolabals ... ) . Le slogan YA BASTA ! avait alors fait le tour du monde via la presse internationale. La légende du rebelle vêtu d'un passe-montagne et qui la pipe dans la jungle du Chiapas s'est fortement et durablement installée dans le mouvement altermondialiste européen et américain ( on ne peut s'empêcher de penser, là, à Che Guevara, autre révolutionnaire de légende ... )

    Au Mexique, le mot " indio" est très mal vu, car considéré comme dévalorisant et même à connotation raciste. Il faut lui préférer "indigeno" ( indigène )

    On trouvera pas mal de documents surI nternet  par rapport à mon petit compte rendu (beaucoup plus complets, bien sûr )  en utilisant  les mots clés suivants:

    - Corn Belt  /  Sous-commandant Marcos / Mayas / Histoire des conflits latino- américains / Chiapas / Révolte du Chiapas / ALENA / Armée zapatiste de libération nationale / EZLN ............... etc ..

    ___________________________________________________________________________________

    Un petit mot quand-même par rapport au récit de votre journée ... je vois que vous n'avez pas arrêté de soutenir  un rythme endiablé, avec des découvertes, des visites, des rencontres étonnantes ( des ""Giérois"" ???? au fin fond  des campagnes latino- américaines ... renversant tout de même, non? .... ) ... des déplacements dans des conditions toujours aussi épiques ... qui n'ont d'ailleurs plus aucun secret pour vous .

    Mais la fatigue semble s'installer chez notre blondinet de Corenthin dirait-on ... Il y aura du repos à prendre avant de retourner en classe, je crois bien ...

    Bon, je vais aller lire la suite .... en espérant que vous lirez encore mes commentaires qui vous arriveront  après votre retour ... bisous

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